Nous avons commencé le mois de mars par un voyage à Otavalo. Après quelques jours dans la grande ville de Quito, c'était agréable de s'évader dans une ville plus petite. J'y avais un contact, un certain Luis Yamberla, que j'avais rencontré au Canada lors d'une réunion anti-Chevron à Toronto. Je suis allé lui parler après la réunion et il m'a invité à séjourner chez lui si jamais je passais par Otavalo. Il m'a conseillé d'aller dans son quartier et de demander où était Luis Yamberla. Nous avons donc accepté son offre et sommes restés chez lui et sa famille à Otavalo.
Apuela, Intag.
Le lendemain, nous sommes allés au marché du samedi à Otavalo, l'un des plus grands d'Amérique du Sud. Otavalo est un important centre culturel équatorien où des gens du monde entier se rassemblent pour commercer et vendre leurs marchandises. Nous nous sommes donc laissés tenter par le marché et avons acheté un hamac, un instrument traditionnel équatorien appelé churango, des pulls en alpaga et bien plus encore.
Quelques marchandises du marché
Le lendemain, nous sommes allés à Cotacachi, une petite ville qui est la capitale du cuir en Équateur. Un ami, Eddy Fuertes, rencontré à l'Intag en 2011, y a ouvert un café il y a quelques années. Il se porte très bien et possède un magnifique café en ville, où l'on sert du café de la région d'Intag. La beauté de son café m'a inspiré et m'a donné des idées pour le type de café que je souhaiterais avoir au Canada. Nous avons séjourné chez lui, joué aux cartes, bu un verre et savouré un repas maison. À Cotocachi, nous avons fait une randonnée autour de la Laguna Cuicocha. Cuicocha est un volcan actif qui abrite un lac et deux îles. Curieusement, ces îles forment comme une calotte sur le volcan et, en cas d'éruption, elles exploseraient !
Lagune Cuicocha
Nous avons pris un taxi pour Intag avec Edmundo, président de l'association du café AACRI. Il a eu la gentillesse de nous donner quelques nouvelles d'Intag en chemin. Nous avons filé à toute allure à travers la forêt nuageuse, profitant de la vue magnifique et souffrant du mal des transports en zigzaguant sur la route menant à Intag. Une nouvelle route a été construite pour rejoindre la communauté, mais c'est probablement uniquement pour servir les intérêts des sociétés minières. Pour ceux qui l'ignorent, Intag est la source du café que j'importe. C'est aussi le lieu d'une résistance à l'exploitation minière qui a duré 20 ans. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le reste de ce site web, qui présente une partie de l'histoire.
Vallée d'Intag
Chevaux!
Arrivés à Intag, nous avons pris un café et j'ai retrouvé les visages familiers de l'époque où je vivais dans la communauté. Assis au pied des magnifiques montagnes, nous avons bu un café et admiré la vue sur la rivière tumultueuse. C'était un vrai bonheur d'être de retour. Nous avons rencontré Pepe Jijon, un célèbre alpiniste équatorien venu s'installer à Intag pour cultiver du café. J'avais travaillé dans sa plantation de café lors de mon dernier séjour dans la région. Quatre ans plus tard, j'ai pu y retourner et constater l'ampleur de la croissance des plants. Julie, Marie et moi avons passé la matinée à récolter le café. La boucle était bouclée ! Le soir, nous avons eu le luxe de nous détendre dans les sources chaudes naturelles au bord de la rivière. Nous avons également visité Waliman, au sommet d'une montagne, où se trouvent les ruines d'une pyramide, lieu sacré des Cara, une ancienne civilisation.
Récolte du café
Montagnes Intag
Après cette ferme, nous avons pris un bus pour Junin. Cette communauté est au cœur de la résistance minière dans la zone d'Intag. À notre arrivée, nous avons constaté que la situation avait changé ces derniers mois. Nous avons appris l'histoire petit à petit auprès de différents membres de la communauté. En mai 2014, une nouvelle compagnie minière est arrivée dans la communauté. Il s'agissait cette fois d'un partenariat entre une compagnie minière chilienne, CODELCO, et une entreprise publique équatorienne, ENAMI. L'entreprise est entrée accompagnée de 300 policiers et d'un nombre encore plus important de partisans de l'exploitation minière. La ville de Junin était envahie par la police et les responsables de la compagnie minière. Selon une femme chez qui nous avons séjourné, la ville a subi de nombreuses humiliations en étant forcée d'accepter la mine. La police intimidait les habitants qui tentaient d'attirer des touristes dans la région. Elle refoulait les personnes qui soutenaient la lutte contre la mine. Avant l'arrivée de la compagnie minière, c'était un endroit paisible où les gens étaient pauvres mais heureux. Aujourd'hui, la communauté est complètement divisée, entre ceux qui soutiennent la mine et ceux qui s'y opposent. Actuellement, l'entreprise abat des arbres et construit de nouvelles routes dans la région. Aucune activité minière n'est encore en cours, mais si des minéraux sont découverts, elle poursuivra ses activités. Les membres les plus écologistes de la communauté promettent de poursuivre la lutte contre l'exploitation minière.
Communauté de Junin
Lors de notre séjour à Junin, nous avons pu assister à une fête pour la Journée internationale des femmes. C'était une journée conviviale, rythmée par des jeux et un bal communautaire. La fête était organisée par deux femmes travaillant pour Accion Ecologica, une ONG environnementale qui s'efforce de fédérer la communauté et de réparer certains dommages causés par la compagnie minière.
Journée internationale de la femme à Junin
Après Junin, nous sommes retournés chez la famille d'accueil chez qui j'avais séjourné trois mois en 2011. Nous avons passé une journée agréable à travailler avec des machettes, à nous faire des amis avec les chevaux et à récolter du yucca. Nous avons pu monter à cheval jusqu'à leur ferme, située en hauteur dans la forêt nuageuse. Là-haut, nous avons aidé à récolter des avocats. En résumé, ce fut un séjour magique dans la forêt nuageuse, et Intag n'a pas déçu en nous offrant des paysages magnifiques et des gens accueillants.
